Ce document est le guide de l'utilisateur de l'implémentation de HTTP/2 dans Apache httpd. Cette fonctionnalité en est au stade de production, et les interfaces et directives devraient donc être dorénavant relativement stables.
HTTP/2 est une évolution du protocole de la couche application le plus utilisé au monde, HTTP. Cette évolution permet en particulier une utilisation plus efficace des ressources réseau. Il ne modifie pas les aspects fondamentaux de HTTP (sa sémantique). Entre autres, il y a toujours des requêtes, des réponses et des en-têtes. Par conséquent, si vous connaissez HTTP/1, vous connaissez déjà 95% de HTTP/2.
Beaucoup a déjà été écrit à propos de HTTP/2 et de son fonctionnement. La documentation la plus officielle est bien entendu sa RFC 7540 (ou cette version au format plus lisible). Vous trouverez ici une description des rouages de HTTP/2 dans leurs moindres détails.
Le premier document à lire lorsqu'on ne connaît pas un mécanisme n'est cependant pas sa RFC. Il est préférable de comprendre tout d'abord ce que ce mécanisme est censé faire, et seulement ensuite de lire sa RFC pour comprendre comment il fonctionne. http2 explained de Daniel Stenberg (l'auteur de curl) est un bien meilleur document pour démarrer l'étude de HTTP/2. En outre, de nouveaux langages s'ajoutent régulièrement à sa liste de traductions disponibles !
Si vous n'avez pas envie de le lire parce que vous le trouvez trop long, voici certains pièges à éviter et nouveaux termes à connaître avant de lire ce document :
Le protocole HTTP/2 est implémenté dans Apache httpd via un module
propre, pertinemment nommé h2c
', et la variante sécurisée
'h2
'. h2c
peut être en mode direct ou
Upgrade:
via une requête initiale en HTTP/1.
Server Push est une nouvelle fonctionnalité offerte aux développeurs web par HTTP/2. La section correspondante de ce document vous indiquera comment votre application peut en tirer parti.
libnghttp2
version
1.2.1. ou supérieure doit être installée dans votre système.
Pour déclencher la compilation de mod_http2
, vous devez
ajouter l'argument '--enable-http2
' au script
./configure
que vous exécutez à la racine de l'arborescence des
sources de httpd. Si libnghttp2
est installée dans un
répertoire non connu du chemin de vos bibliothèques, vous devez indiquer ce
répertoire au script ./configure
via l'argument
'--with-nghttp2=<path>
'.
Alors que cette méthode de compilation conviendra à la plupart, certains
préféreront lier statiquement nghttp2
à ce module. Pour ce
faire, utilisez l'argument --enable-nghttp2-staticlib-deps
.
Cette méthode est pratiquement la même que celle utilisée pour lier
statiquement openssl à
En parlant de SSL, vous devez savoir que la plupart des navigateurs ne
communiqueront en HTTP/2 que sur des URLs sécurisées de type
https:
; votre serveur doit donc supporter SSL. Mais de plus,
votre bibliothèque SSL devra supporter l'extension ALPN
. Enfin,
si la bibliothèque que vous utilisez est OpenSSL, sa version devra être
1.0.2. ou supérieure.
Maintenant que vous disposez d'un binaire httpd
compilé avec le
module
La seconde directive que vous devez ajouter à votre fichier de configuration est
Ceci permet de définir h2, la variante sécurisée, comme le protocole préféré pour les connexions à votre serveur. Si vous souhaitez que toutes les variantes soient disponibles, utilisez la directive suivante :
Selon l'endroit où vous placez cette directive, elle affectera l'ensemble de votre serveur, ou seulement un ou plusieurs serveurs virtuels. Vous pouvez aussi l'imbriquer comme dans l'exemple suivant :
Seules les connexions en HTTP/1 seront alors permises, sauf pour le serveur
virtuel test.example.org
qui acceptera aussi les connexions SSL
en HTTP/2.
La directive h2
est activé avec une chaîne d'algorithmes
de chiffrement inappropriée entraînera un rejet et une retrogradation vers
HTTP 1.1. C'est une erreur que l'on fait couramment lorsqu'on configure
httpd pour HTTP/2 pour la première fois ; donc gardez la à l'esprit si vous
voulez éviter de longues sessions de débogage ! Si vous voulez être sûr de
définir une chaîne d'algorithmes de chiffrement appropriée, évitez ceux qui
sont listés dans la blacklist TLS HTTP/2
.
L'ordre des protocoles indiqués est aussi important. Par défaut, le premier sera le protocole préféré. Lorsqu'un client offre plusieurs choix, c'est le plus à gauche qui sera sélectionné. Dans
le protocole préféré sera HTTP/1 et il sera toujours sélectionné sauf si un client ne supporte que h2. Comme nous souhaitons communiquer en HTTP/2 avec les clients qui le supportent, la meilleure définition de la directive est
Toujours à propos de l'ordre des protocoles, le client a lui aussi ses propres préférences en la matière. À ce titre, si vous le souhaitez, vous pouvez configurer votre serveur pour qu'il sélectionne non plus son protocole préféré, mais au contraire le protocole préféré du client :
Avec cette directive, l'ordre des protocoles que vous avez défini devient caduque et seul l'ordre défini par le client sera pris en compte.
Une dernière chose : les protocoles que vous définissez ne sont pas
vérifiés quant à leurs validité ou orthographe. Vous pouvez très bien
définir des protocoles qui n'existent pas, et il n'est donc pas nécessaire
de filtrer le contenu de la directive
Pour des conseils plus avancés à propos de la configuration, voir la Documentation de mod_http2, et en particulier la section à propos de la consommation supplémentaire de ressources, ainsi que la section expliquant comment gérer les serveurs multiples avec certificat commun.
Tous les modules multiprocessus (MPM) fournis avec httpd supportent
HTTP/2. Cependant, si vous utilisez le MPM
Avec le MPM
Par défaut,
Si votre plateforme et votre installation de httpd le supportent, la
meilleur solution consiste actuellement à utiliser le MPM
Si vous n'avez pas d'autre choix que d'utiliser le MPM
La plupart des navigateurs modernes supportent HTTP/2, mais seulement sur des connexions SSL : Firefox v43, Chrome v45, Safari v9, iOS Safari v9, Opera v35, Chrome pour Android v49 et Internet Explorer v11 sous Windows10 (selon cette source).
D'autres clients et serveurs sont listés dans le wiki des implémentations ; entre autres des implémentations pour c, c++, common lisp, dart, erlang, haskell, java, nodejs, php, python, perl, ruby, rust, scala et swift.
De nombreuses implémentations clientes autres que les navigateurs supportent HTTP/2 en texte pur, h2c. L'une des plus efficaces d'entre elles est curl.
Le premier d'entre eux est bien entendu curl. Assurez-vous au préalable que votre
version supporte HTTP/2 en vérifiant ses Fonctionnalités
:
Pour une inspection en profondeur : wireshark.
Le paquet nghttp2 inclut aussi des outils comme :
Chrome fournit des journaux détaillés des connexions HTTP/2 via la page special net-internals page. Il y a aussi cette extension intéressante pour Chrome et Firefox qui permet d'indiquer que votre navigateur utilise HTTP/2.
Le protocole HTTP/2 permet au serveur de proposer (PUSH) des réponses pour lesquelles le client n'a rien demandé. La communication autour de ces réponses est du style : "voici une requête que vous n'avez jamais envoyée, et la réponse vous parviendra bientôt tout de même ..."
Il y a cependant des conditions : le client peut désactiver cette fonctionnalité et le serveur ne pourra alors lui proposer des réponses que pour les requêtes qu'il a effectivement envoyées.
Cette fonctionnalité a pour but de permettre au serveur d'envoyer au client des ressources dont il va probablement avoir besoin : par exemple une ressource css ou javascript appartenant à une page html que le client a demandée, un jeu d'images référencé par un css, etc...
Cette anticipation a pour avantage de permettre au client d'économiser le temps qu'il lui aurait fallu pour envoyer une requête, quelques millisecondes à une demi-seconde en fonction de l'éloignement du serveur. Elle a cependant pour inconvénient d'imposer au client le téléchargement de ressources qu'il possède peut-être déjà dans son cache. Bien entendu, HTTP/2 permet d'annuler prématurément de telles requêtes, mais des ressources sont tout de même gaspillées.
En résumé : il n'existe pas encore de stratégie efficace pour faire le meilleur usage de cette fonctionnalité de HTTP/2 et tout le monde en est encore au stade de l'expérimentation. À ce titre, voici des conseils pour procéder vous-même à ces expérimentations :
Link
sous un certain format :
Si la connexion supporte PUSH, ces deux ressources seront envoyées au client. En tant que développeur web vous pouvez définir ces en-têtes soit directement au niveau de la réponse de votre application, soit en configurant votre serveur via
Si vous souhaitez utiliser des liens preload
sans déclencher
de PUSH, vous pouvez utiliser le paramètre nopush
comme suit :
Vous pouvez aussi désactiver les PUSHes pour l'ensemble de votre serveur via la directive
À savoir aussi :
Le module maintient un journal des ressources ayant fait l'objet d'un PUSH pour chaque connexion (en général des condensés hash des URLs), et n'effectuera pas deux fois un PUSH pour la même ressource. Cependant, lorsque la connexion est fermée, le journal de ses PUSHes est supprimé.
Certains développeurs planchent sur la manière de permettre au client d'informer le serveur des ressources qu'il possède déjà dans son cache afin d'éviter les PUSHes pour ces dernières, mais ceci n'en est actuellement qu'à un stade très expérimental.
L'
en-tête Accept-Push-Policy est un autre dispositif expérimental
implémenté dans
La fonctionnalité PUSH n'apportera pas toujours le gain de performances dans l'obtention de réponses aux requêtes. Vous trouverez plusieurs études sur ce sujet sur internet qui en expliquent les avantages et inconvénients et comment les particularités des clients et du réseau en influencent le fonctionnement. Par exemple, le seul fait que le serveur PUSHes une ressource n'implique pas forcément que le navigateur l'utilisera.
Ce qui influence le plus la réponse PUSHed, c'est la requête qui a été
simulée. En effet, l'URL de la requête pour un PUSH est fournie par
l'application, mais d'où viennent les en-têtes ? Par exemple, La requête
PUSH requiert-elle un en-tête accept-language
et si oui, quelle
sera sa valeur ?
httpd va consulter la requête originale (celle qui a déclenché le PUSH)
et copier les en-têtes suivants vers la requête PUSH :
user-agent
, accept
, accept-encoding
,
accept-language
et cache-control
.
Tous les autres en-têtes sont ignorés. Les cookies eux non plus ne seront pas copiés. PUSHer des ressources qui requièrent la présence d'un cookie ne fonctionnera pas. Ceci peut être sujet à débat, mais tant que ce ne sera pas clairement discuté avec les navigateurs, restons prudents et évitons d'exposer les cookies là où ils ne sont pas censés être visibles.
A l'instar des ressources PUSHées, une autre méthode consiste à envoyer
des en-têtes Link
au client avant même que la réponse ne soit
prête. Cette méthode utilise la fonctionnalité appelée "Suggestions
précoces" (Early Hints) décrite dans la RFC 8297.
Pour utiliser cette fonctionnalité, vous devez l'activer explicitement sur le serveur via :
Elle n'est en effet pas activée par défaut car certains navigateurs anciens perdent pied avec de telles réponses.
Une fois cette fonctionnalité activée, vous pouvez utiliser la directive
Le serveur enverra alors au client une réponse "103 Early
Hints"
dès qu'il commencera à traiter la requête. Selon
votre application web, cet envoi peut intervenir beaucoup plus tôt que le
moment où les premiers en-têtes de réponse auront été déterminés.
Si